Henri Chrétien, Mr Cinémascope



C’est à Henri Chrétien (1879-1956) que l’on doit l’application de l’anamorphose au cinéma. Ce scientifique parisien, qui commença sa carrière vers 1910 comme astronome à l’observatoire de Nice est à l’origine de bien des inventions dans le domaine de l’optique. Entre autres le catadioptre qui équipe l’arrière des véhicules, ou même un type de télescope dont la formule optique est encore utilisée sur Hubble.

C’est d’abord pour améliorer la vision périphérique dans les chars d’assaut, qu’il s’intéresse au pouvoir des miroirs cylindriques. Dès 1920, il se met à travailler sur des lentilles exploitant le même principe et fait breveter l’Hypergonar, un objectif destiné à la prise de vues et à la projection cinématographiques sur écran large. Sorte de croisement entre une lentille et un cylindre, ce dernier a la particularité d’offrir un rapport de multiplication entre angle de champ horizontal et vertical (taux d’anamorphose). Cette compression – ou dilatation de l’image suivant la rotation de l’Hypergonar – permet dés lors d’envisager la prise de vues, puis la projection d’images beaucoup plus larges que le format d’origine 1.33.

Bien qu’adaptée à la prise de vues par ses soins et brevetée en ce sens (1926) , cette invention magistrale ne trouve pas de relais dans l’industrie cinématographique française. « Construire un feu » de Claude Autant-Lara est par exemple l’un des seuls rares films tournés avec ce procédé. Finalement les brevets arrivent à expiration juste après la guerre.

En 1953, ce sont les studios américains, lancés dans la course à l’écran large, qui se mettent en chasse des fameux objectifs d’Henri Chrétien. La légende raconte que la Fox bat Warner de seulement quelques heures, et repart aux USA avec le butin tant convoité, matérialisant la plus grande évolution du cinéma depuis l’arrivée du son.

La naissance du procédé «Cinémascope» marquée par « La Tunique » un premier film biblique avec Richard Burton, est aussitôt récompensée d’un oscar technique en 1954.

C’est le début d’un énorme succès pour l’écran large qui devient celui de référence des salles de cinéma du monde entier.

Un succès depuis non démenti puisque le cinéma numérique cherche lui-même actuellement les meilleurs moyens –dont de nouvelles optiques anamorphiques - pour capter des images au format cinemascope .

Peut être ces nouvelles générations de caméras (et d’optiques) seront-elles bientôt capables de rivaliser avec l’extraordinaire définition et le rendu si particulier en profondeur de champ de la prise de vue 35mm anamorphosée ?

Pour en savoir plus sur le professeur Chrétien: